Avec les grosses pelles minières Liebherr et les turbines de grande taille General Electric (GE), le port rhénan de Colmar/Neuf-Brisach veut développer le trafic de colis lourds.
La première turbine, une pièce de 370 tonnes, est arrivée en convoi exceptionnel de Belfort le 24 mai. Stockée sur le terminal, elle doit embarquer à la fin de la semaine vers les grands ports de la mer du Nord. Jusque-là, ces grosses turbines mettaient six jours en convoi exceptionnel pour rejoindre le port de Strasbourg.
Pour optimiser le transport, il a été décidé, suite à une étude, qu’elles prendraient le bateau à Neuf-Brisach, « ce qui réduit le temps de trajet routier à un peu plus de trois jours », évalue François Strub, le directeur du port rhénan.
À l’origine de la démarche, il y a l’augmentation de la puissance, du poids et de la taille des turbines GE de nouvelle génération. Les plus grosses font 430 tonnes. Pour permettre l’acheminement de ces énormes pièces, des travaux d’aménagement routier ont été réalisés l’an dernier sur la départementale 415 entre Colmar et la plateforme de Colmar/Neuf-Brisach, pour plus de 2 millions d’euros : un élargissement des giratoires et un renforcement des ponts sur l’Ill et la Thur.
Un nouveau terminal à terme dans la zone EcoRhéna
Le port lui-même a investi plusieurs centaines de milliers d’euros pour adapter ses infrastructures à l’accueil de ces monstres. « Colmar/Neuf-Brisach est sur une fréquence d’une turbine par mois et pour Liebherr sur le chargement d’un bateau par semaine », détaille François Strub.
« Sur le site, les opérations de manutention se font aujourd’hui grâce à une grue mobile louée par GE à l’année. Sa capacité de 1 000 tonnes en fait un des plus gros engins de levage mobile de France », fait-il valoir. Le port veut profiter de cet outil pour générer de manière pérenne de nouveaux trafics de colis lourds. À terme, sa stratégie vise à créer un nouveau terminal avec un portique dédié aux colis lourds sur les terrains que le port rhénan possède dans la zone EcoRhéna, nouveau nom de la zone industrielle Balgau-Nambsheim-Heiteren-Geiswasser.
Après Liebherr et GE, l’établissement portuaire a été « approché » par plusieurs entreprises comme Alstom et EDF, pour charger d’autres produits : « Cela pourrait être des locomotives par exemple. »
Aujourd’hui, le trafic de la plateforme plurimodale de Colmar/Neuf-Brisach représente environ 1,5 million de tonnes par an. Il se répartit par tiers entre le mode ferroviaire, la voie fluviale et la route. Ce qui suscite le commentaire confiant de son directeur : « Notre existence est légitime. Dans la zone industrielle nord, des industriels comme Constellium, Tereos-Syral, et la société de logistique Gefco sont dépendantes du port rhénan de Colmar/Neuf-Brisach. ».